Ma course par Isabelle - Marathon d'Amsterdam 2015

L'aventure néerlandaise commence dès vendredi matin ; Bernard et moi n'avions pas fait 100 bornes qu'après un péage d'autoroute, impossible de remonter ma fenêtre, bouton cassé. Mon copilote ne fait pas de détail et finit de démonter le plastique pour pouvoir actionner le mécanisme ; ouf...seul accroc sur la route... Nous arrivons à Olympisch Stadium suffisamment tôt pour retirer dossards et faire le tour de l'expo, sans rien acheter ! La fatigue je pense...Puis direction Zaandam à 20' plus au nord pour être hébergés chez Militza, un petit bout de femme du tonnerre, un concentré d'énergie, une perle ! Pasta party au programme. Après un 'tit footing de 20' le lendemain et une visite guidée d'Amsterdam en voiture s'il vous plaît, on prépare tenue et ceinture avec sérénité et minutie.

Ma course par Isabelle - Marathon d'Amsterdam 2015

Réveil 6h30, p'tit déj au riz au lait façon energy beautysane merci arno ;) Puis nous voilà partis, emmenés par Militza accompagnée d'une amie, vers Amsterdam. On gare la voiture pour prendre métro, à 4 stations du départ. Déjà, une foule de coureurs se pressent dans les wagons, le sourire pour certains, d'autres encore endormis...on repère les français, bruyants, entonnant l'hymne des "sardines" avec ferveur. L'entrée dans le Stadium est difficile à pourtant 1h du départ...je quitte Bernard qui rejoint son sas et retrouve avec soulagement Delphine dans notre zone de départ. Il pleut, mais je suis isolée du froid grâce au poncho décathlon (merci Bernard pour cette bonne idée). Cà y est, les élites s'élancent et on peut les suivre sur un écran géant ; la musique devient plus forte, la foule des spectateurs dans les gradins frappent des mains dans un même rythme ; c'est émouvant et stimulant. J'aperçois Bernard (grâce aux couleurs O2) sur l'écran géant, la classe... On franchira la ligne 17' plus tard.

Ma course par Isabelle - Marathon d'Amsterdam 2015

Les premiers km sont légèrement descendants et je les mémorise pour le retour, en prenant garde à mon allure ; ne fais pas la même erreur qu'à Nice Isa...cool...On rejoint Dominique après le parc, et nous voilà partis tout sourire. Je regarde ma montre tous les km, et ils s'enchainent si vite...tout se passe nickel, je suis bien, concentrée et ravie d'être là. Le temps passe vite, je ne m'arrête pas au ravito ayant tout ce qu'il faut sur moi, je suis avec les ballons orange du 4h15' ; on traverse une zone de buildings puis on longe Amstel. Je sais qu'au bout, le demi tour marque le passage du semi et je suis aux anges quand je vois que l'allure est si régulière. C'est good, y a pas de raison, ma prépa s'est passée nickel, les jambes sont au rdv...trop bien. J'aperçois l'arche du semi, je sais que Delph est devant à 5' environ puisqu'on s'est croisé il y a peu. Je suis dans ma bulle avec l'ipod chargé à bloc de ma playlist favorite. Puis mon souffle change, la tête tourne, qu'est ce qu'il se passe..je ralentis à 9,7 sans hésiter...je suis à l'écoute de tout signe ...ça a l'air d'aller mieux et je relance progressivement. Tout le long du canal, les animations nous portent, malgré ce temps humide et glacial, les spectateurs sont présents et actifs. Mon souffle s'emballe alors que l'allure est la même. Je ne comprends rien, je subis, je patiente...ça va aller mieux ensuite, ralentis, serre les dents et patiente...et non...comme si l'air que j'inspire ne serait pas chargé d'oxygène, pareil qu'au MMB où j'ai pensé que l'altitude avait joué..mais là, au niveau de la mer...faut pas déconn..merdasse.

 

 

Ma course par Isabelle - Marathon d'Amsterdam 2015

Que faire..un ravito pointe, je décide de m'arrêter pour une banane et un verre energy...je calme le cardio. Je fais un rapide check up mental : les jambes ont froid mais pas de douleur..les pieds nickel...je pense aux conseils de Dom' sur la respiration par le ventre, je calme le jeu et je repars, en ne pensant à rien de négatif : je suis sur ma course, j'ai le mental pour aller chercher ma médaille. Je pense au prez qui était venu vers moi au MB, je pense à Amara qui m'a accompagné sous des cordes au semi d'aubevoye juste pour le plaisir , je pense aux miens qui suivent le live...je me dis qu'en tenant à 9,7 c'est tout bon pour finir avant 4h30...

Les km s'enchainent trop lentement, c'est dur, je m'arrête maintenant à chaque ravito et je n'ose plus regarder la garmin. Ca ne sert à rien de se plomber le moral un peu plus. Je me concentre sur ce qui m'entoure et décide malgré tout de profiter de ce moment ; quitte à être lente, autant graver dans mon esprit les images de cette course : les Hollandais sont merveilleux, généreux, ils chantent, applaudissent sans relache ; plusieurs m'ont lancé un "allez l'Italie" voyant les couleurs O2, plus loin 3 jeunes et beaux spectateurs me voyant marcher me crient des mots que je ne comprends pas, alors arrivée à leur hauteur et je me remets à courir et ils exultent, heureux d'avoir contribuer à me relancer, je les entendrais encore longtemps dans mon dos s'enflammer pour toute cette foule qui souffre comme moi.

Je puise dans chaque regard un max d'énergie pour tenir, aller au bout. Mon coeur explose, je le sens battre à rompre, est ce raisonnable Isa ? Tu ne viens pas jusque là pour çà..qu'est ce que tu fous...tenir, tenir, j'ai froid je tremble. Un grand black au ravito me tend un gobelet, je n'ai pas la force de lui faire signe non merci. Il revient à ma hauteur et là me tend sa main, chaude , et tient la mienne avec force sur quelques foulées. Il sait que je suis mal, il me transmet sa force. L'émotion m'envahit et je sais alors que je vais rentrer dans ce p..de stade en courant. Je ne sais plus où j'en suis mais je tiens. Derniers km...le parc...je me souviens qu'à l'aller çà descendait, je me dis ça doit monter un peu..mais je ne perçois plus rien...j'entame la dernière ligne droite vers l'entrée du stade. Une foule de plus en plus dense et hâte d'en finir mais tellement triste de cette non gestion, j'entre dans ce stade, il est encore plein, à ma grande surprise...la musique, le speaker, le public et les derniers mètres.

Je lève les bras, la délivrance, je l'ai fait !

 

Ma course par Isabelle - Marathon d'Amsterdam 2015

Je suis dans un état étrange et j'avance sans rien maitriser...je tombe dans les bras de la bénévole chargée d'offrir la médaille, je ne la lâche plus et elle non plus ! Je pleure évidemment et deux secouristes m'emmènent sous leur tente m'enveloppant d'une couverture de survie. Je ne respire plus, comme en apnée...ils prennent une T° à 35, me gavent de soupe chaude et ne veulent pas me laisser repartir. Je leur explique que mes amis doivent s'inquiéter, je n'ai pas pris mon tél avec moi...ils me libèrent en s'assurant que ma démarche soit fiable.

Je rejoints Militza en pleurs, puis Bernard inquiet et soulagé. Bravo à Delph pour sa perf' de malade !! Merci à tout le club pour les messages et à Sab' pour le live. C'est bon de se savoir bien entourée.

ElviElvri

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