Ma Course par Julien - Echapée Belle 2015

Jeudi 17h : Après 8h de route en provenance des vertes et pluvieuses plaines Normandes, je découvre Aiguebelle un petit village Savoyard un peu moche de basse altitude dans l’entrée de la vallée de la Maurienne qui est traversé par l’autoroute, la ligne de train et l’Arc, il y fait une écrasante chaleur de 30°C en cet fin d’après midi. J’y retrouve Thierry qui est venu en train et avec qui je vais partager cette aventure. Nous allons retirer nos dossards auprès des charmants bénévoles réfugiés dans un stade ou il fait un doux 40 degrés et ou essaient de survivre deux exposants et ou une video teaser de la course tourne en boucle….la première impression est celle du vide et du silence….loin de la folie des Ultra du Mont Blanc…ici c’est pas la fête !!! Même impression sur la Pasta Party que nous ne partagerons qu’avec 25 concurrents …cela dit c’est bon, copieux et toujours en présence de bénévoles super sympas qui s’affairent pour nous satisfaire. Jeudi 20h : Retour au Gymnase qui se rafraîchit difficilement, on ouvre les lits de camps prêtés par la gendarmerie, une bonne douche et chacun se met à farfouiller dans ses sacs pour ne rien oublier, pour se rassurer, pour tenter de vivre déjà le départ, la tête est surexcitée il va être difficile de dormir au milieu d’une trentaine de trailers , dans cette chaleur et avec ces images de course et de doute dans la tête.

Vendredi 2h : Les lumières du gymnase s’allument, le sentiment de n’avoir dormi qu’une poignée d’heure en pointillé, il faut se préparer, s’habiller, finaliser le sac d’allègement, remplir ses boissons….et sauter dans la navette qui nous emmène sur le lieu du départ Vizille située 80 kms plus au sud, en Isère. Vendredi 4h30 : Le temps d’une sieste dans la navette, nous sommes accueilli par un petit déjeuner organisé par des bénévoles un peu frigorifiés mais souriants, à moins de deux heures du départ habituellement je n’aurai rien mangé, mais là et vu ce qui nous attend, je suis rassuré de prendre des forces !

Vendredi 6h : Sous l’arche rouge Helly Hansen, nous sommes là ! 418 (seulement) trailers prêts à défier une épreuve redoutable et redoutée ….les consignes de sécurité au briefing seront courtes et claires, l’épreuve sera Intégrale car le temps annoncé sera superbe, la seule consigne pour rejoindre l’arrivée sera celle des 3G « gestion, gestion, gestion » …..musique , 5, 4, 3, 2, 1 et gooooo ! Au milieu des allées du parc du chateau de Vizille le groupe de fous s’élance dans un petit footing qui réchauffe et qui rassure (les jambes étaient à l’arrêt depuis longtemps pour se préserver) rapidement le terrain prend de la pente pour monter tranquillement dans la foret, un chemin large et propre jusqu’au levé du soleil. Cette première partie est simple, traverse de petits villages très mignons, la vue sur la vallée est superbe, la forme au top, c’est facile ! Si facile que l’on relance en permanence, la cadence est au top et je me dis que si c’est ca l’Echappée Belle, cela va être du gâteau ! Vendredi 10h : Ravito #1 Arselle, dans un cadre splendide, une grande plaine d’altitude au milieu des sapins et foulée par de nombreux chevaux un joli refuge et de nombreux spectateurs nous accueillent, le groupe est encore très soudé et ca se bouscule autour des tables de ravito. L’arrêt y sera court et l’on repart en excellente forme en empruntant des très jolis chemins de forets ou la progression est simple et rapide. Les chemins se transforment ensuite en pistes plus minérales et la dénivelée s’accentue, on rentre dans la course de montagne et cette zone jusqu’au refuge de la Pra au 27kms sera un gros échauffement au vu de la suite. Ce refuge que nous atteignons vers 12h est l’occasion d’un second et bon ravito avant la prochaine grosse ascension. C’est aussi l’occasion de commencer à partager avec les autres concurrents, cette épreuve est d’ailleurs remarquable par la convivialité et la solidarité entre les concurrents !

Vendredi 14h : La Croix de Belledone ! Un monstre de 2976m au coeur du massif ! Une ascension épuisante dans de la roche qui se délite sous chaque pas ! Je me revois quelques semaines plus tôt dans la montée de l’Aiguille Pers sur L’ITT ! « Là on y laisse des plumes » me lance Thierry et effectivement nous sentons que les cuissots sont moins frais que sur la première partie, le second effet déprime c’est une zone aller-retour ou l’on croise les concurrents en descente qui ont environ plus d’une heure sur notre chrono. L’arrivée au sommet est toutefois une récompense inoubliable avec cette immense croix en bois au sommet d’un pic vertigineux et une vue à 360° sur la vallée de Grenoble, de l’Isère et du massif !!! Géant ! La descente sera ultra prudente dans ce dédale de pierre et d’éboulis, le piège est partout, la cheville peut vriller à tout instant, les bâtons se plient et manquent de casser dans chaque pierre…. Nous atteignons le 35eme kilo (Col de Freydanne) en 8h43, 300 eme position mais pourtant à une allure de 4km/h ….gestion, gestion, gestion ! Je n’imagine pas encore que 1 personne sur 3 devant nous va exploser !!! La descente technique ne finit plus mais nous donne une vue sur le lac blanc spectaculaire en contrebas de l’imposant Pic de Belledone et de son cirque de névés !

Vendredi 16h : Refuge Jean Collet, les 10 premières heures de course dans les pattes et déjà 3500m de D+ sur ce 40eme kilo….une grosse fringale et une petite déshydratation me coupent les jambes et je n’arrive plus à repartir, scotché à la source au pied du refuge…Thierry se lasse de mon hésitation et enclenche, il attaque la montée….je m’élance mais avec un rythme plus mou il s’éloigne, je le perds de vue…je ferais route avec un Grenoblois sympathique qui se plaint de cette incroyable canicule dans sa région. A chaque virage des coureurs sont assis et essaient de reprendre des forces en se rafraichissant…. Col de la mine de fer, brèche de la roche fendue, des noms pas très engageant et qui se traduisent par un terrain hostile et très difficile avec des roches grosses comme des voitures, empilées et imbriquées et au milieu desquelles il faut trouver son chemin…. Le soleil perd de sa force, je retrouve de la fraîcheur et je distance mon collègue grenoblois, seul je retrouve la motivation de rejoindre le pas de la coche ou m’attend Thierry.

Vendredi 19h30 : Pas de la Coche, bonne nouvelle un ravito, mauvaise nouvelle pas d’eau car ce point de relais hélitreuillé est pauvre en boisson. Nous sommes 286 eme, nous mangeons une soupe et sous les bons conseils des bénévoles nous remplirons nos gourdes sur le torrent qui se situe 15 minutes plus haut. Belledone est sauvage et tous les points d’eau ici sont potables ou presque, une aubaine pour nous car la chaleur nous oblige à redoubler notre volume d’hydratation. Le soleil se couche, la pleine lune se lève, les couleurs du crépuscule envahissent le massif de Belledone, l’image est saisissante de beauté et je crois que c’est la plus belle chose que retiendrais sur cette course, en pleine nature sauvage sans aucun bruit nous nous lançons dans l’ascension de l’une des plus technique montée du parcours le Col de la Vache, ici encore mais dans une dénivelé digne d’un KV, des pierres, des roches, des cailloux, des blocs, il faut mêler souplesse du genou et équilibre pour ne pas embrasser l’une de ses belles caillasses. La nuit est tombée et nous franchissons avec satisfaction le col sous la lumière de nos Petzl. Sur le road book il reste 10 kms pour atteindre la base vie du Pleynet, mais sur le terrain ce sera plus de 3h de descente ultra technique, de nuit et un pied gauche très douloureux (une énorme ampoule) qui me donne l’impression d’une pointe traversant mon pied à chaque pas sur une pierre. Il faut dire que le choix d’une Speed Cross sur cette première journée de montagne est mauvais….je paie le prix fort ! Le passage sur les lacs des 7 Laux est un moment roulant mais de courte durée car la dernière plongée vers Pleynet est verticale et dangereuse avec de plus les nombreuses sources qui amènent de la boue sur les pierres et rendent le terrain glissant. Je suis crevé, j’ai mal au pied, je suis dans le doute, je pense à abandonner, Pleynet n’arrive pas, il faut encore tourner une heure autour du cirque pour atteindre le village qui face à nous laissaient percevoir le bruit des cloches et des micros….

Samedi 00h46 : Arrivée au Pleynet, la pasta party est finie (coup au moral car on comptait dessus), Thierry me conseille de profiter de ces deux heures de pause (que nous nous imposons) pour faire le plein avant de prendre une décision. Je récupère mon sac d’allègement, je me douche, me change, je file voir les sympathiques podologues qui soigneront cette cloque énorme (qui sera prise en photo pour illustrer les cours des podologues en herbe), puis je m’allonge une demi heure pour essayer de trouver le sommeil, mais je suis trop angoissé par la suite, je redescend manger …je tombe sur un groupe de coureurs qui cherche des mecs motivés pour relancer la machine, je sais que je ne le suis pas mais je tente ma chance, Thierry me rejoins il semble en forme, je ne peux pas abandonner là, depuis le temps que je prépare cette course et avec le soutien de mes proches, amis et la famille sur les textos qui tintent sur mon téléphone depuis le début de course….

Samedi 2h40: Allez go, je prends la tête du groupe de 7 trailers ! Une grande descente facile permet à chacun de se présenter et de sympathiser et incroyable destin, Thierry se rend compte qu’il vient de retrouver un copain de classe Xavier qui va devenir notre 3eme homme de la course. Arrive la montée (eh oui c’est l’Echappée Belle) un kilomètre vertical en foret, au sommet un feu de camps et un mini ravito va stopper la moitié du groupe qui préfère poursuivre le repos engagé au Pleynet, nous ne préférons pas tomber dans le piège et nous poursuivons notre effort !

Samedi 8h00 : Gleysin, une petite ferme dans une vallée embrumée au levée du soleil, nous y parvenons après une longue, très longue descente dans une belle forêt de sapins. L’occasion de petit déjeuner au chaud, même si Thierry est gêné par l’odeur de l’étable et restera dehors. Une délicieuse soupe servie par de gentils bénévoles et pointés 227eme, nous sentons que la nuit a laissé du monde à la traine….devant nous ce matin nous attend une difficulté énorme (celle que les coureurs des 85 kms de la Traversée Nord redoutent ) le Col de Moretan ! 1400m de D+ sur moins de 7kms ….Nous rejoignons rapidement le parcours du 85kms que nous partagerons désormais jusqu’à l’arrivée. La montée est sans concession, un mur , une épreuve dans l’épreuve, nous doublerons même des concurrents du 85 qui sont séchés par la difficulté, nous sommes déjà anesthésié par la journée d’hier et nous montons par réflexe et sur un bon rythme. Je suis 198eme au sommet, relativement en forme, la douleur au pied est vive mais supportable en montée et j’ai chaussé mes Saucony Xodus à Pleynet qui me donne du confort sur la roche.

Samedi 11h : Au sommet, on bascule vers un cirque enneigé où la D- est tout simplement aussi verticale que la montée, je m’explose le coude sur une glissade de névé et je ralentis le rythme car je prend conscience de la faiblesse de mes appuis liée à la fatigue, une cordée de 300m permet d’atteindre le pied de cette descente et l’on retrouve avec plaisir un peu de plat au milieu de superbes lacs pour rejoindre le prochain ravito de Périoule vers 13h pour déjeuner au milieu d’une petite plaine d’altitude. Une invité non désirée se présente, la chaleur !!! Le soleil et la faible altitude cette partie de course remonte d’un coup le mercure !!! Il faut s’hydrater et s’hydrater encore. Soudain une autre invité nous amène une sensation de stress, la barrière horaire !!! Il faut absolument atteindre la base vie de Super Collet avant 18h ! La descente plus simple se poursuit et nous apercevons au loin sur une pointe de forêt la station de Super Collet, la distance est trompeuse car il reste plus de 10 bornes à parcourir pour l’atteindre …Thierry et Xavier plus en forme que moi prennent de l’avance. La chaleur est désormais assommante et la montée du Bois du Perchet (sans ombre !!!) est fatale à grand nombre de coureur du 144 et du 85 ! Les mecs tombent devant moi comme des mouches, coup de chaud, fatigués et déshydratés…c’est flippant…je me questionne en permanence, j’écoute mon coeur, mon corps, je me préserve, je bois, je m’arrose dés qu’une petite source se présente… Le refuge de la Pierre du Carré est un oasis de fraicheur avec des bénévoles qui se pressent à remplir nos gourdes et nous arroser la tête ! Thomas ! Je retrouve là assis sur un banc mon ami Thomas qui est sur le 85, il a les traits tirés, signe que lui aussi malgré la fraicheur d’une course partie le samedi matin, a pris cher sur le col de Moretan et ce cagnard ! Thierry aussi au repos m’attend et nous repartons tous les trois.

Samedi 16h35 : Super Collet, 97eme kilomètre et 8100m de D+ derrière nous ! Cet échange avec mon ami Thomas m’a fait du bien au moral, on parle de nos amis en course au même moment sur l’UTMB et on se dit que nous ne sommes pas les seuls à souffrir ! Cette base vie est décevante ! Ravito au plein soleil, plus de podologue ni de kinés (plus de matos soit disant !) pas de douche ! Thierry est stressé par la barrière horaire et craint que nous ne parvenions pas à rejoindre ValPelouse demain matin. Une bonne pause et le sentiment que le soleil baisse enfin d’intensité nous motive pour repartir, Thomas nous quitte, Xavier aussi, Thierry et moi restons soudés et nous repartons ensemble de Super Collet à notre rythme (gestion, gestion, gestion). Cette partie du parcours est agréable et facile et la descente jusqu’en vallée du Bens est rapidement avalée. S’en suit la montée (et oui c’est toujours l’échappée belle) de 500D+ jusqu’au Refuge de Férice

Samedi 21h : 106 kms et 9000D+ , il est temps de payer ! Le deuxième coucher de soleil de la course ! Je suis pris d’une fatigue harassante ! J’ai beau boire, manger, me mouiller le visage, mes yeux se ferment …et je marche par réflexe. Thierry devant moi est pris de son côté de vomissements (plus possible pour lui de manger) ….Ouch la nuit va être dure…. Et pourtant….la fraicheur de la nuit va nous être bénéfique ! On ne lâche rien, on se relaie, on marche à bon pas, on sent au fond de nous que l’exploit devient envisageable, l’on se concentre sur nos émotions, nos proches qui ne sont pas si loin, dans nos coeurs et nos pensées, l’on se prend à rever d’accolades sous l’arche d’arrivée, nous allons mener un groupe d’une dizaine de coureurs et passer en têtes les nombreux cols de la frèche pour basculer ensuite sur une longue et roulante descente vers le ravito de Valpelouse.

Dimanche 00h24 : ValPelouse, 114kms, 9600mD+ , et 156eme position ! (effectivement on a bien tourné, ce sera meilleure position sur cette course) La barrière horaire est à 2h00 du matin, nous nous donnons 1h de pause ! Incroyable je reconnais dans les applaudissements des quelques accompagnateurs présents, mon oncle Joel qui a fait le déplacement depuis la vallée de Chamonix pour venir me soutenir…un moment de bonheur et d’émotion…à ce stade de la course ! Je partage avec lui une soupe et un café avant de m’allonger une petite demi heure sans réussir à m’endormir … Je me relève les jambes sonts dures et j’ai froid….la machine s’est refroidie, il ne faut pas trainer car elle va geler !!! Joel m’encourage une dernière fois et nous redecollons avec notre ami Xavier qui se reposait à Valpelouse. Le trio est de nouveau complet et nous attaquons la grimpette ! Thierry est encore malade, je suis inquiet il ne mange toujours rien, je mène la marche ! La nuit sera ponctuée de plusieurs montée sèches de 300 à 400 D+ qui finissent de nous tuer les quadri et la naissance de signe de crampe est inquiétante …les coureurs que nous croisont dans les montées commencent à ressembler à des zombies qui suivent sans intérêt la lueur de leur frontale, les rangs sont silencieux et chacun souffre, mais la fatigue étouffe les plaintes…. Une récompense est la crête du sommet du Grand Chat ! Une vue saisissante à 360° sous le clair de lune sur le Vercors, la Chartreuse, Belledone, les Alpes et le Mont Blanc qui commence à rosir sous les lumières de l’aube ! C’est ca la récompense du Trailer ! C’est pour cela que j’aime gravir les montagnes, ce sont les images qui se gravent dans nos têtes dans cette ambiance si spectaculaire que provoque la nuit dans ces milieux si sauvages ou l’on se sent si vivant ! Mais ce bonheur sera de courte durée, pour faire place à une descente dans la foret du champet qui a ce stade de la course va me sembler interminable, fatigante, ennuyeuse, elle joue avec nos nerfs et notre fatigue…. La barrière horaire est derrière nous, nous devons rejoindre le Pontet avant 8h du matin et nous avons l’impression de faire du sur place !!!

Dimanche 7h12 : Le Pontet 130kms, 10400m de D+ 194 eme ! Effectivement j’ai perdu des places, effectivement je suis crevé, effectivement mon pied est en feu et j’ai envie de crier à chaque pas ! Mais dans une heure la barrière horaire tombe, mais dans 10 kms c’est l’arrivée, mais s’arrêter maintenant s’est impoooooossible ! Thierry est pris d’angoisse et repart aussitôt par peur de tout perdre maintenant ! Xavier et moi prenons le temps de remplir un peu l’estomac et les gourdes…ranger la frontale, j’ai cassé un bâton dans la descente mais il me servira tout de même d’appui… On repart une dernière fois de ce dernier ravito, on croise un regard avec les bénévoles qui nous voient déjà « finishers » mais nous nous doutons de plus en plus…. La dernière montée , oui la dernière montée !!!! 400m de D+ de foret….je ne lutte plus contre mes cuisses mais désormais contre mon esprit, ce n’est plus la course mon ennemie mais mon corps , il me trahit, mes yeux et mon cerveau me font voir des choses qui n’existent pas, je pense courir sur un parcours que j’imagine, plus court, plus vite, j’hallucine….cela fait presque 3 nuits sans sommeil, je suis au bout ….je m’accroche aux sursauts de lucidité pour m’arroser, boire, me parler, m’encourager, Xavier est là et nous avons rattrapé Thierry qui est en hypoglycémie, nous le forçons à manger une banane. C’est la dernière descente, je ne m’en souviens pas, je dors debout, Xavier nous maintient éveillé en nous motivant…. Nous croisons des bénévoles qui viennent à notre rencontre, nous sommes à quelques kilomètres de l’arrivée. La chaleur est de retour dans la vallée d’Aiguebelle, tout devient instable…..je continue à me battre…

Dimanche 11h : On se prend par les épaules, on court accrochés tous les 3 vers l’arche rouge Helly Hansen de l’arrivée , on ne rêve plus elle est là !!! J’ai envie de pleurer mais je suis trop fatigué, les applaudissements du public et la musique percent le silence que je vis depuis le dernier ravito ! Je suis, nous sommes heureux, fiers, soulagés….. Finishers de l’Echappée Belle !!!! 189eme sur 418 au départ ! et seulement 195 à l’arrivée !!! 53 heures pour ces 144kms et 10900m de D+ !!! Je prends à deux mains l’énorme cloche de l’arrivée que je secoue avec force pour laisser échapper l’émotion que je n’arrive pas à exprimer ! Je m’allonge dans l’herbe à l’ombre dans le parc et je ferme les yeux, enfin ! Je peux dormir, je l’ai fait, ….. Pas de tee shirt Finisher à l’arrivée, on n’expose pas sa victoire sur l’Echappée Belle, on la garde en soi avec toutes les douleurs et les souffrances qu’elle a apportée… Boucler cette Echappée, cette une victoire sur soi, le parcours n’est finalement que le ring de ce combat avec soi même. Je pensais en m’inscrivant affronter la montagne, mais c’est finalement contre mon esprit, mon mental et mon corps que je me suis battu. Je suis aujourd’hui plus fort que moi ….

L’Echappée Belle est un Ultra trail exceptionnel par sa difficulté sur un terrain si hostile et sauvage, 100% monotrace, sur des pierriers et des moraines ou toutes les références de temps et d’allure sont effacées. Un ultra qui ne se gagne que sur la gestion de course (a moins d’être un trailer ultra averti et entrainé) en partant avec un mental d’acier, un physique affuté et énormément de motivation. Il est frustrant de ne pas pouvoir plus courir de part la technicité du parcours et il faut donc compenser en permanence par un rythme infernal avec des durées de pause très limitées. Je remercie et félicite Thierry mon ami et Xavier pour leur soutien, impératif pour aller au bout ! Je sors de cette épreuve grandit car je connais mes limites et les capacités de mon corps, place aujourd’hui au repos avant de nouvelles courses et de futurs Ultra … Dixit l’organisation : Ici on sème avec courage et persévérance et on récolte de l’émerveillement ! Merci à ma femme et mes enfants pour leur soutien sans faille et leur patience pendant mes heures d’entrainement, ma famille (Joel pour sa présence), mes amis, les Trolls et plus particulièrement tous les copains de mon club Oxygène Belbeuf qui nous ont porté et soutenu toute la course ! Xavier pour ses encouragements jusqu’à l’arrivée et Thierry mon pote de course avait qui nous avons partagé cette folle Echappée !

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